Jacques Dupuydauby

 

 

Jeudi 7 avril 2011, avenue Mozart à Paris, un appartement digne d’un ambassadeur, dans le XVIe arrondissement. Tableaux et sculptures sont disposés avec goût. L’industriel Jacques Dupuydauby, 65 ans, a poussé la climatisation à fond, la faute à des radiateurs défectueux impossibles à éteindre. Il ne parle pas, il tonne. En conflit avec Vincent Bolloré pour l’exploitation des ports africains, il assure que ses ennuis judiciaires sont dus à son passif personnel avec Nicolas Sarkozy. Tout part, dit-il, d’un déjeuner, il y a bien longtemps, avec le futur chef de l’État français, et d’une demande particulièrement compromettante…

 

La fumée est tellement épaisse que l’on peine par instants à distinguer les traits de son visage. Les volutes dégagées par son imposant cigare dissimulent la massive silhouette de Jacques Dupuydauby. Depuis quelques années, il a appris à jouer les passe-muraille, à se faire oublier. Cet homme à la bouille ronde et au tempérament jovial, catholique pratiquant, reçoit dans un appartement cossu, à côté du Trocadéro, où il séjourne quelques jours par mois. Il profite généralement de ses courts passages à Paris pour rendre une discrète visite à Michèle Alliot-Marie, dont il est un intime. La plupart du temps, il vit à Séville, où sont basées ses affaires. « En m’associant le plus discrètement possible, en sous-main, afin que les gens qui bossent avec moi n’aient pas d’ennuis, dit-il, en disposant ses trois téléphones portables sur la table basse. Je sais que je suis totalement blacklisté. »

Jacques Dupuydauby a fait fortune dans l’immobilier, avant de se heurter de plein fouet, en Afrique, à l’un des meilleurs amis de Nicolas Sarkozy, l’industriel Vincent Bolloré. Entre ces deux fauves, deux hommes prêts à tout pour gagner, guignant les mêmes marchés portuaires, le combat a été acharné. Déloyal, estime Jacques Dupuydauby, sous le coup d’un mandat d’arrêt émis au Togo. Et pourtant, lui-même n’est pas un enfant de chœur. Les basses manœuvres, il connaît.

Il a dû renoncer à de gros contrats, faire face à de multiples poursuites judiciaires, et, pour finir, s’exiler en Espagne. Tous ces malheurs, cela ne fait aucun doute dans son esprit, il les doit à cet homme qu’il veut voir à terre : Nicolas Sarkozy. « Je n’éprouve pas de haine personnelle à l’encontre de Sarko, seulement du mépris », dit-il. Il précise : « Je me considère comme une victime collatérale, pas une victime directe. Étant celui qui empêchait son compère de ramasser de l’argent en Afrique, il fallait m’éliminer. »

Mais Jacques Dupuydauby n’est pas mort. Juste blessé – il n’en est que plus dangereux. D’ailleurs, dans son esprit, l’heure de la revanche approche. L’heure des comptes, surtout. Il entend régler personnellement celui du chef de l’État. À sa manière. Abrupte, intrépide, excessive. « L’une des raisons pour lesquelles il a tant appuyé Bolloré contre moi, c’est qu’il sait que je suis l’une des rares personnes à avoir vu son vrai visage. Il sait que je sais », lâche l’homme d’affaires à propos de Nicolas Sarkozy.

D’un ton presque badin, il ajoute : « J’ai perdu tous mes amis, je suis devenu infréquentable », avant d’évoquer le « nombre incroyable de gens qui [lui] ont conseillé de faire la paix avec Sarko et son copain Bolloré. Pourtant, à mes yeux et en conscience, c’est lui [Nicolas Sarkozy] qui est infréquentable, philosophiquement et éthiquement. L’éthique personnelle, la morale tout simplement, m’empêchent de me prêter à toute forme de réconciliation avec ces gens-là ».

Ancien bras droit de Francis Bouygues (il fut vice-président du groupe éponyme), Jacques Dupuydauby a décidé de se créer une trajectoire, en 1999, en fondant en Espagne Progosa Logistic International, un groupe spécialisé dans la conception, la réalisation, l’entretien et l’exploitation des infrastructures portuaires, dans une quinzaine de pays d’Afrique. À l’époque, il s’associe à Vincent Bolloré, lui-même omniprésent de l’autre côté de la Méditerranée : il y pèse 1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires, et compte environ 20 000 salariés répartis dans une quarantaine de pays. Mais les relations entre les deux partenaires se détériorent dès le début des années 2000 : Dupuydauby est accusé d’avoir fait rapatrier les actifs – appartenant à l’industriel breton – d’entreprises togolaises dans des sociétés de droit luxembourgeois à son nom. Pour Bolloré, il s’agit d’un détournement de fonds pur et simple. C’est le début d’une guerre sans merci entre les deux hommes. Depuis près de dix ans, les ex-associés multiplient les procédures judiciaires, notamment sur le continent noir, qui prospèrent en faveur de l’un ou de l’autre au gré de la « qualité » des relations qu’ils entretiennent avec les autorités locales. Tandis que Jacques Dupuydauby est donc poursuivi par la justice togolaise, Vincent Bolloré est cité dans une enquête ouverte au Cameroun pour « favoritisme et corruption »… Pour le moment, Bolloré s’est mieux sorti que son ancien allié de cette guérilla, où les coups bas sont la règle.

Peut-être parce que, derrière la rivalité commerciale, se dessine un antagonisme politique très franco-français. Vincent Bolloré ne cache pas les liens très forts l’unissant à Nicolas Sarkozy, qu’il invita sur son yacht de luxe, juste après son accession à l’Élysée. Jacques Dupuydauby, lui, est réputé proche des réseaux chiraquiens, ce que conteste cet homme qui se définit comme « gaulliste par essence, pas politiquement. Pour moi, il y a deux catégories de gens : les pétainistes et les autres. J’ai été élevé dans cet esprit. Je ne suis pas un homme de gauche, mais pas un homme de droite non plus ». Il le martèle : « J’ai été étiqueté chiraquien un peu abusivement. Je n’ai jamais soutenu financièrement Jacques Chirac. En revanche, j’ai eu pour collaborateurs plusieurs de ses proches : Michel Dupuch, Rémy Chardon et Brigitte Girardin. » Chiraquien du premier cercle, sans doute pas, mais antisarkozyste, plutôt deux fois qu’une, et il le revendique. « En 2007, confie-t-il, je suis allé jusqu’à voter Royal, votant ainsi pour la première fois socialiste, et ce, pour tenter de lui barrer la route. Je l’ai vraiment fait sans enthousiasme ! »

Cette détestation pour l’actuel hôte de l’Élysée, Jacques Dupuydauby dit l’éprouver depuis leur première rencontre, voilà près de trente ans, au cours de laquelle il aurait donc vu le « vrai » Sarkozy, en étant le témoin – et l’acteur – d’une scène compromettante. Une scène qu’il n’avait jamais rapportée jusqu’alors, et dont aucun témoin ne peut confirmer la véracité. Mais Dupuydauby assure que tous les détails sont restés gravés dans sa mémoire. Comme pour marquer la solennité du moment, l’homme d’affaires écrase son cigare dans le cendrier et s’avance sur le bord de son fauteuil en cuir. À propos de Nicolas Sarkozy, il dit, en guise de préambule : « C’est un homme qui n’oublie jamais rien. Mais moi non plus. »

Puis il déballe ses souvenirs.

« Ma première rencontre avec cet individu remonte à 1983, peu après son élection surprise à la mairie de Neuilly-sur-Seine. » À cette époque, Dupuydauby était vice-président de la SCAC, un groupe de fret dont le siège était situé à Puteaux, dans la circonscription législative de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). « Un jour, une secrétaire me téléphone pour me dire que M. le maire souhaite me rencontrer. J’ai dit OK, je n’avais aucune raison de refuser. » L’homme d’affaires dit avoir proposé au jeune maire de Neuilly de venir déjeuner au siège de l’entreprise, dans la salle à manger de direction. Nicolas Sarkozy, alors âgé de 28 ans, accepte l’invitation. « Le jour dit, il se présente et, là, d’emblée, le contact n’est pas passé entre nous. Mais bon, on a quand même déjeuné ensemble. Au début du repas, j’ai tenté de lui parler des choses qui me passionnent : le gaullisme bien sûr, la situation économique. Mais j’ai vite renoncé, j’ai bien vu qu’il n’en avait rien à faire. “Je ne suis pas venu pour ça”, m’a-t-il dit. En fait, il voulait parler argent. Il m’a d’entrée entrepris sur la prochaine élection législative, avec une obsession : comment la financer. Il voulait savoir si j’étais prêt à payer. »

À l’époque, le financement de la vie politique n’était pas encadré. L’opacité était de mise, on flirtait avec la légalité à tout instant. « Je lui ai répondu que, pour moi, ce n’était pas un problème de personnes, que je soutiendrai le candidat ou la candidate gaulliste. Et je lui ai rappelé que la candidate sortante, Florence d’Harcourt, risquait d’être réinvestie. » Florence d’Harcourt fut effectivement réélue en 1986, mais céda la circonscription à Nicolas Sarkozy lors des législatives de 1988. Il affirme : « Quand j’ai prononcé son nom, Sarkozy a lâché : “Ah, cette conne…” C’est alors qu’il a enchaîné avec cette phrase : “Maintenant, parlons de la suite de ma carrière.” Et là, il a commencé à me décrire, avec un aplomb invraisemblable pour un type de son âge, ce qu’il pensait que serait son parcours politique. Il m’a dit qu’une fois élu député, il serait secrétaire d’État, puis ministre. Ensuite, bien sûr, il viserait Matignon. Et enfin, pourquoi pas l’Élysée ! Je n’en revenais pas, j’étais soufflé. »

Jacques Dupuydauby marque une pause forcée. Le temps de répondre, en espagnol, sur l’un de ses téléphones portables. Il n’ignore pas que ses révélations risquent de lui valoir de nouvelles mésaventures, mais il se dit prêt à tout assumer. Il reconstitue la suite de sa conversation avec l’ancien maire de Neuilly.

« Après m’avoir déroulé son projet de carrière, il m’a dit : “Vous le savez, pour une carrière politique d’envergure, il faut de l’argent, beaucoup d’argent.” Il a enchaîné par cette phrase que je n’oublierai jamais : “Il y a deux catégories de personnes : celles qui vont m’aider, qui seront mes amies, et celles qui ne vont pas m’aider, qui seront mes ennemies.” Il a poursuivi : “J’ai un cabinet d’avocats. Prenez-moi comme avocat-conseil et tous les mois je vous enverrai une facture.” Je lui ai répondu : “Mais notre société a déjà des avocats, vous ferez quoi ?” Il a souri et m’a lancé : “Allons, vous comprenez bien ce que je veux dire, non ?” Bien sûr que j’avais compris. Il voulait une convention d’honoraires pour des prestations fictives. »

D’un geste du bras, Jacques Dupuydauby mime Nicolas Sarkozy : « Il a sorti un papier de sa poche : il avait préparé un projet de contrat ! J’ai été stupide, j’aurais dû le garder. Mais j’ai été tellement choqué que je ne l’ai pas pris. Il y avait un montant mensuel inscrit dessus, c’était très élevé. Mais en même temps très malin : il savait bien que, pour une boîte aussi énorme que la SCAC (on avait plus de cinq cents filiales en France et à l’étranger, notamment en Afrique), qui devait bien dépenser 500 000 francs en avocats chaque mois, ce serait passé comme une lettre à la poste. C’était très crédible, d’autant plus que nous n’avions pas d’avocat coordonnateur. Je lui ai dit que je ne mangeais pas de ce pain-là, que quand je payais des avocats, c’était pour qu’ils travaillent. Il l’a très mal pris, le repas s’est fini là-dessus. Avant de partir, il m’a lâché : “Je m’en souviendrai.” Il a tenu parole, effectivement, il s’en est souvenu ! Ce déjeuner m’a coûté cher, il m’a même pourri la vie ! Je n’ai rien oublié de cette conversation, j’avais tout noté après son départ. C’est une habitude chez moi, je note tout. Et je conserve mes notes… » Quand il le faut, Jacques Dupuydauby sait aussi faire dans l’implicite.

Ce n’est que sa parole, il lui manquera toujours des preuves, mais il assume ses dires. Il allume un nouveau cigare et reprend sa charge contre Nicolas Sarkozy, sans nuances : « Sans ce déjeuner et ce contact physique avec lui, mon antisarkozysme n’aurait pas été ce qu’il est. Ce déjeuner, c’est comme une petite graine qui a été semée. À partir de cet incident, j’ai senti sa petite main partout, chaque fois que j’ai eu des ennuis. »

Ses premiers pépins remontent à la période 1993-1995, sous le gouvernement Balladur, dans lequel Nicolas Sarkozy était ministre du Budget. « J’ai eu un contrôle fiscal sur mes biens personnels, sur ma propriété en Sologne. Le redressement annoncé portait au départ sur plusieurs millions de francs. Comme Josselin de Rohan, qui lui aussi a eu droit à son petit contrôle fiscal, tous les gaullistes qui n’étaient pas derrière Balladur y sont passés. Et comme j’étais réputé proche des chiraquiens… » Un peu plus que « réputé », semble-t-il. Il concède que, « dans les années 90 », il invitait « beaucoup de chiraquiens » dans sa demeure solognote. « J’organisais prétendument un complot anti-balladurien, d’où le contrôle fiscal. Je ne dis pas que Nicolas Sarkozy m’a personnellement dénoncé, je n’en ai pas la preuve. Mais il était ministre du Budget, non ? »

Les soucis de Jacques Dupuydauby ne se sont pas arrêtés là. « Le contrôle fiscal ne suffisait pas encore : il a été suivi d’une dénonciation à la justice, qui a vérifié toutes mes sociétés, notamment mes activités en tant que vice-président puis conseiller chez Francis Bouygues, s’exclame-t-il. Il fallait trouver quelque chose contre moi. » Mis en examen et envoyé derrière les barreaux par un juge, l’homme d’affaires touche le fond. « J’ai été placé en détention provisoire quarante-cinq jours, alors que j’étais innocent ! D’ailleurs, j’ai été ensuite totalement blanchi. Il m’a fallu quand même sept ans pour obtenir une indemnisation de l’État, qui a reconnu son erreur. Même le fisc a dû rabaisser ses prétentions. J’ai chargé un avocat d’aller devant le tribunal administratif contester la décision de redressement, le genre de démarche que l’administration fiscale n’aime pas. Du coup, j’ai été convoqué par le directeur général des impôts du Loiret qui m’a dit qu’il était prêt à transiger. Il est descendu jusqu’à 15 000 francs ! Voilà, j’ai été traîné dans la boue, mis en prison pour 15 000 francs d’impôts non déclarés, tout ça à cause du contrôle fiscal initial. Dix ans après, Nicolas Sarkozy avait tenu sa promesse. »

Et, à l’en croire, les mesures de rétorsion n’auraient jamais cessé depuis. « Il m’a poursuivi de sa vindicte les années suivantes, jusqu’aujourd’hui. Cette fois, dans mes activités en Afrique. J’ai été confronté à son grand copain, Bolloré, que j’ai trouvé sans arrêt sur mon chemin. »

Sur ce thème, Jacques Dupuydauby est prolixe. Il est vrai que les scuds ont volé bas. Des deux côtés. En 2006, des cadres du groupe Bolloré, dénoncés par Progosa, sont arrêtés au Togo, accusés sans preuve d’avoir voulu corrompre des magistrats. L’année précédente, c’est Bolloré qui avait commandé à une société d’intelligence économique (Geos) une mission de renseignement sur son rival. Elle fut exécutée par un ancien gendarme, Patrick Baptendier, qui a raconté dans un livre (Allez-y, on vous couvre !, Panama, 2008) comment il avait, avec la bénédiction des services français, espionné l’entourage de Jacques Dupuydauby. « Le groupe Bolloré cherchait, en jetant l’opprobre sur Perrier [un collaborateur de Jacques Dupuydauby], à discréditer Progosa, installée sur son territoire de chasse, l’Afrique de l’Ouest », écrit Patrick Baptendier. « Lorsque j’ai été espionné par Baptendier, j’ai même écrit à Sarkozy, qui ne m’a pas répondu. Et pourtant, la lettre avait été remise à Guéant », se souvient Jacques Dupuydauby, qui brandit une copie de la fameuse missive, en date du 7 juin 2008, dans laquelle il se plaignait des méthodes de Vincent Bolloré, accusé d’utiliser l’ex-Direction de la surveillance du territoire (DST) pour le déstabiliser.

Lors d’une audition devant la juge parisienne Stéphanie Forax, en décembre 2009, Patrick Baptendier (poursuivi pour avoir collecté illégalement des informations confidentielles) a fait sur ce point des confidences explosives. L’ancien gendarme a assuré sur procès-verbal que son agent traitant au sein du service de contre-espionnage français (aujourd’hui DCRI), un certain François H., lui avait spontanément fourni, en 2005 – « sans que je lui demande quoi que ce soit » –, des informations sur « les amis » de Jacques Dupuydauby, « à savoir Mme Alliot-Marie, Renaud Muselier et Alain de Pouzilhac, ancien directeur de Havas ». Et d’ajouter, au cas où la magistrate n’aurait pas compris : « Je dois également vous dire que Monsieur H. m’a dit “qu’il fallait y aller” sur Dupuydauby, qu’il y aurait Sarkozy en 2007, que le clan des chiraquiens tomberait. »

On revient à l’Afrique, là où s’est cristallisée la haine. Jacques Dupuydauby évoque d’abord le Togo, et le port de Lomé, qu’il assure avoir « totalement redressé alors que Bolloré était (son) actionnaire minoritaire à 15 % ». Changement de décor après la mort, en février 2005, de l’inamovible président Eyadéma Gnassingbé, auquel succède son fils, Faure Gnassingbé. « Fin 2007, Faure Gnassingbé m’explique, très embarrassé, qu’il a rencontré Sarkozy à Lisbonne, qui lui aurait dit qu’il fallait me retirer la concession du port et la donner à Bolloré, sinon il empêcherait sa réélection. Faure Gnassingbé n’a eu d’autre choix que de s’exécuter. »

D’après Dupuydauby, le même processus s’est déroulé en Guinée, où l’une de ses sociétés, la GETMA, détenait le port de Conakry. « Comme au Togo, l’armée a été jusqu’à encercler nos bureaux pour faire place nette, assure-t-il. Tout cela s’est produit via les réseaux sarkozystes, une véritable diplomatie parallèle. »

Progosa a également perdu la gestion de ports au Gabon, au Cameroun et au Congo-Brazzaville. Une infortune imputable, selon lui, aux bonnes relations entretenues par Nicolas Sarkozy avec certains chefs d’État africains. « Voilà comment fonctionne la Sarkafrique ! », s’esclaffe Jacques Dupuydauby, satisfait de son bon mot. Mais très vite, il se calme, et repense aux ennuis en cascade qui se sont abattus sur lui ces dernières années. « Tout cela ne m’a pas surpris. Avant l’élection de Sarkozy, en 2007, un important collaborateur de Bolloré a confié à l’un de mes conseils : “Dupuydauby, qu’il ne se fasse aucune illusion, dès que Sarko sera au pouvoir, on le foutra en taule.” » Du coup, il évite le plus possible de venir en France, où il ne se sent pas en sécurité. « J’ai souvent la crainte, dès que je mets les pieds dans l’Hexagone, que les flics débarquent sous je ne sais quel prétexte. Tout cela est très dur à vivre, il faut avoir des convictions chevillées au corps pour résister. » Il se dit « certain d’être sous surveillance, au minimum sur écoute ». Même à Séville, où il passe le plus clair de son temps, il estime ne pas être totalement à l’abri.

« J’ai des avocats en Espagne qui ont été obligés d’arrêter de travailler pour moi depuis 2007, car ils ne voulaient pas apparaître comme des ennemis du président français. J’avais aussi un associé espagnol très puissant. Il a dû rompre ses accords avec moi pour sauver son propre business. » Il conclut sur cette image-choc : « J’ai eu l’impression ces quatre dernières années d’être comme ces lépreux dans la Rome antique qui traversaient la ville avec une clochette, et les gens s’écartaient sur leur passage. »

Le patron de Progosa ajoute encore : « Ce qui me choque, c’est certains de mes amis ministres, soi-disant gaullistes, qui m’ont dit pis que pendre de Sarkozy dès 2007, mais qui sont restés au gouvernement car la soupe est bonne. Ils ont cautionné ce personnage. Mon amie Michèle Alliot-Marie, une femme intègre que j’aime beaucoup, a été une caution morale pour lui, je le regrette. »

Jacques Dupuydauby a perçu, à partir du début de l’année 2011, comme un changement de climat. Les enquêtes d’opinion, catastrophiques pour Nicolas Sarkozy, conjuguées à l’imminence de l’échéance présidentielle, n’y sont pas pour rien. « Je commence à retrouver des amis, car le vent tourne ! lance-t-il. Tout le monde va se découvrir antisarkozyste en 2012. Ils le trahiront tous, je le plains. »

Aux dernières nouvelles, Jacques Dupuydauby cherchait un éditeur. Il a eu l’idée d’écrire un livre, dans lequel il entend démontrer que Nicolas Sarkozy est le fossoyeur du gaullisme dont il se réclame pourtant. Jacques Dupuydauby a déjà trouvé le titre : L’Imposteur. « Apprends-moi à pardonner à ceux qui ont péché contre moi », dit la Bible. Jacques Dupuydauby reste un fervent catholique. Mais il ne tendra jamais l’autre joue.

Sarko M'a Tuer
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